<p>La Leucorrhine à front blanc est une libellule de taille moyenne, parmi les plus rares de France. On trouve cette espèce uniquement dans le Jura et en Aquitaine, dans les Landes de Gascogne. Il s’agit d’une espèce répandue surtout dans le nord de l’Europe et en Sibérie.</p>
<p>Comme tous les espèces de la famille des <em>Libellulidae</em>, les yeux sont en contact en un seul point et une fois posée, les ailes sont tenues étalées. Le mâle est sombre mais présente des reflets bleutés caractéristiques ; la femelle est noire avec quelques taches jaunes sur le dessus de l’abdomen. Comme son nom l’indique, la face blanche est un critère de reconnaissance. On remarquera également les cellules sombres en bout d’ailes, les ptérostigmas. Avec un peu de patience, on pourra apercevoir à l’extrémité de l’abdomen de petits appendices blancs. Il s’agit des cercoïdes que les mâles utilisent comme pinces pour maintenir les femelles lors des accouplements.</p>
<p>En Aquitaine, la Leucorrhine s’observe dès le mois d’avril mais c’est entre mai et juillet que la majorité des adultes volent. L’émergence des adultes est l’achèvement d’une phase larvaire de deux ans en milieu aquatique. L’émergence est souvent très concentrée dans le temps, en réponse aux bonnes conditions météorologiques. Si quelques mâles territoriaux sont observés sur une même mare, les femelles se tiennent souvent à distance en forêt ou dans les zones humides associées au plan d’eau. Sur les sites favorables, les spécialistes des libellules (les odonatologues) sont susceptibles de trouver sur une même mare des centaines d’exuvies au cours de la saison, et parfois plus encore. L’exuvie correspond à la peau larvaire abandonnée par l’adulte émergent sur une tige végétale sur la rive.</p>
<p>La Leucorrhine à front blanc recherche pour se reproduire des eaux stagnantes, acides et naturellement pauvres en nutriments. Les étangs et les mares choisies doivent proposer des végétations immergées bien fournies et les rives bien végétalisées sont importantes. Un paysage forestier environnant est souvent observé autour du site de ponte.</p>
<p>Pour ces raisons, les mares forestières sur le Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne, les <em>lagunes</em>, présentent un intérêt majeur pour préserver cette espèce, et deux autres espèces de leucorrhines plus rares encore en Aquitaine : la Leucorrhine à gros thorax (espèce Natura 2000), et la Leucorrhine à large queue. La connaissance des populations aquitaines date de la fin des années 1980 seulement. On observe un peu partout des populations en diminution, et la réaction au changement climatique de ces espèces nordiques est difficile à prédire.</p>