<p>La Molinie est une graminée vivace à large répartition en France et même sur chaque continent. C’est une espèce sociable qui se développe en vastes colonies, composante essentielle du paysage des landes humides, des sols simplement frais aux sols complètement tourbeux et engorgés.</p>
<p>Son port cespiteux (touffe dense) est caractéristique. Ses feuilles planes sont d’un vert glauque, d’où son nom de molinie bleue. Les tiges se dressent de 30cm à 1 mètre où bout desquelles les épis fleurissent avec de discrètes étamines violettes. Feuilles et tiges sèchent sur pied et prennent à l’automne une couleur jaune paille qui blondit les vastes étendues de landes des régions riches en sols acides comme la Gascogne, la Bretagne, ou le Massif central. Ce trait particulier amène dans les Landes de Gascogne à une vigilance accrue en hiver vis-à-vis du risque incendie au sein de la forêt de Pin maritime.</p>
<p>Sur les sols les plus mouillés où le niveau d’eau varie fortement entre saison, la Molinie développe un port original en touradons : des mottes très denses formées au-dessus du sol par l’accumulation verticale des parties anciennes. Les parties aériennes sont ainsi mieux assurées de pousser chaque année hors d’eau. Les vieilles feuilles s’accumulent en panache autour de la motte et forment alors un paillage assez opaque. Dans cette situation, la Molinie tend à exclure bon nombre de plantes qui ne peuvent plus recevoir assez de lumière pour croitre. En revanche, cela crée un micro-climat sous les feuilles que diverses espèces animales apprécient comme refuge lors des étés chauds ou des fortes gelées.</p>
<p>Espèce excellente pour le rempaillage des chaises, la Molinie est en revanche de piètre qualité nutritive pour les troupeaux. Au printemps lors des nouvelles pousses, elle demeure toutefois une assez bonne espèce fourragère pour le bétail rustique. Dans les Landes de Gascogne, landes humides, bords de lagunes et anciennes tourbières peuvent ainsi être pâturées par les brebis landaises ou les vaches marines. La molinie appelée en gascon « <em>auguicha</em>» y constitue avant tout une plante nourricière pour les animaux sauvages, à commencer par les chenilles de divers papillons typiques des landes humides comme le <a>Miroir </a>ou le <a>Fadet des laîches</a>.</p>